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espace espace espace "Dans la vie courante n'importe quel boutiquier sait fort bien faire la distinction entre ce que chacun prétend être et ce qu'il est réellement" "
Karl Marx - L'idéologie allemande   
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Les révolutionnaires qui votent pour Macron
et l'extrême-gauche européiste


Jean Dugenêt, le 9 mars 2020


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Le 3 février 2020, j'ai lu avec intérêt un article d'un militant ouvrier qui se fait appeler Eninel (ambigramme miroir de Lenine) et je lui ai fait la réponse ci-contre à la fois sur son blog chez Médiapart et sur le site intitulé "Arguments pour la lutte sociale" :

J'ai reçu le 20 février 2020 la réponse ci-dessous de la part des administrateurs du site "Arguments pour la lutte sociale" :

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espace Cher lecteur,

Les commentaires sont contrôlés à priori sur notre site, histoire de ne pas subir un envahissement ou une colonisation désagréable.

Nous nous interrogeons sur la cohérence de ta pensée politique en voyant que tu prétends faire cohabiter les idées de "mouvement ouvrier" et "d'avant-garde internationaliste" avec la revendication de ton appartenance à l'UPR, organisation nationaliste et chauvine bourgeoise.

Ton enthousiasme pour le Brexit, une opération 100% bourgeoise visant à faire prévaloir les intérêts d'une aile du capital financier et immobilier en GB, la plus parasitaire et la plus spéculative qui soit, opération qui a abouti à une vague de ressentiment anti-immigré et de remontée des groupes racistes, est attristant.

Il sera difficile de nous faire croire que le slogan "tout le pouvoir aux Tories (conservateurs) !" soit un mot d'ordre bolchévik. En attendant, avec Boris Johnson, les jours du NHS sont comptés et des centaines de milliers de ressortissants étrangers (citoyens européens ou extra-européens, peu importe, sur ce plan les conservateurs pratiquent l'égalité) sont dans l'angoisse de l'expulsion de masse.

Depuis quelques années, les conservateurs au pouvoir, malgré leur crise interne, ont déjà commencé une politique de remise en cause des droits des personnes en pratiquant l'expulsion vers la Jamaïque ou d'autres iles des Caraïbes de gens installés en GB depuis les années 50 ou 60 et qui n'ont vécu nulle part en dehors de la GB. Groupés sous l'appellation de scandale du Windrush (du nom du paquebot qui amena des dizaines de milliers de Jamaïquains en GB dans les années 40), cette infamie n'est qu'un avant-goût de ce que Bojo et ses ministres vont pratiquer si une riposte ouvrière ne se produit pas.

Alors rêver de dupliquer une telle opération en France sous le label Frexit, non merci.

Au passage, tu évoques le CNR. Il est bon de souligner que si nous profitons de ce qui subsiste des avancées sociales acquises à la Libération, notamment à travers la Sécurité sociale, il est néanmoins bon de rappeler que le programme du CNR ne visait pas le socialisme mais la sauvegarde du capitalisme à travers un ensemble de concessions sociales envers la classe ouvrière et une reconstruction menée dans la paix sociale achetée à ce prix.

Nous gardons en tête la photo de la célébration du Brexit regroupant les formidables amis de la classe ouvrière et de la fraternité internationale des travailleurs que sont Florian Philippot, Asselineau, Nicolas Dupont-Aignan, Cheminade, Jean-Frédéric Poisson, les stars national-populistes issus de la FI, et quelques autres. Libre à toi, de te noyer dans cette fange réactionnaire ! Pour notre part, ces gens-là, leurs idées nationalistes, chauvines, racistes et réactionnaires, les intérêts sociaux qu'ils défendent, ne sont pas de notre monde.

Aujourd'hui, la nécessité, c'est l'unité des travailleurs, pas l'alliance avec leurs ennemis."
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Les administrateurs du site "Arguments pour la lutte sociale" ont complété leur réponse avec la remarque ci-contre :
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espace Je comprends que chacun cherche à rassembler ceux qui intuitivement semblent être plus "révolutionnaires" ou plus "à gauche" (comme disent certains) que les autres. J'ai même connu un temps ou (après 1968) cette "unité des révolutionnaires" était le cheval de bataille de LO.

Mais cela ne mène à rien si une unité organisationnelle ne se fonde pas sur un programme. Alors que chacun propose le sien en étant le plus clair possible. Puis qu'on les compare et qu'on en discute alors on verra s'il est possible de faire ressortir un programme commun sur lequel nous pourrions nous regrouper. J'ai déjà exprimé largement mon programme dans les conclusions de mes deux livres : "De François Mitterrand à Jean-Luc Mélenchon" et "Macron Démission - Révolution". J'essaie de rappeler ici les principaux points :

- Grève Générale avec Comité Central National de grève ;

- Gouvernement des travailleurs ;

- Gouvernement provisoire PCF, PS, FI ;

- FUO pour toutes les élections : un seul candidat ouvrier contre les candidats de la bourgeoisie ;

- Frexit ;

- RIC ;

- Soutien inconditionnel à toute victime de la répression, d'actes arbitraires ou antidémocratiques ;

- Amnistie pour tous les militants condamnés lors des manifestations depuis novembre 2018. Remboursement des amendes qui ont été payées. Indemnisations des militants estropiés.

- Pour le Frexit rassemblons-nous dans un nouveau CNR (Conseil National de la Résistance).

Que chacun fasse ainsi. Que chacun présente son programme puis qu'on en discute et alors nous verrons ce qu'il est possible de faire. Je suis prêt à prendre l'initiative de créer une AGIMO (Avant-Garde Internationaliste du Mouvement Ouvrier) sur un programme de ce type. Dans un premier temps, il pourrait s'agir uniquement d'un groupe informel regroupé autour d'un site web. Chaque militant resterait libre d'agir au sein d'une autre organisation politique s'il le juge bon du moment qu'il ouvre dans le sens du programme qui ressortirait de la discussion. Pour ma part, je milite actuellement au sein de l'UPR en ayant bien évidemment de grandes divergences avec François Asselineau mais j'estime que c'est actuellement l'organisation qui s'oriente le plus vers la constitution d'un nouveau CNR et c'est aussi celle qui est la plus mobilisée pour le Frexit. Il est évident que, sur les autres points, je suis en grandes divergences avec François Asselineau mais mes positions restent conformes à la charte de l'UPR. Je peux y défendre intégralement mes idées. Je peux notamment y vendre mes livres. Je ne mets pas comme condition l'adhésion à l'UPR pour militer au sein d'une AGIMO avec des camarades qui seraient prêts à partager les points de programme que j'ai rappelés ci-dessus.

Jean Dugenêt

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Le complément à la réponse où on apprend notamment que Vincent Présumey est un grand homme très modeste.

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"A l'attention du camarade Eninel : tout ce qui est publié sur ce site n'est pas nécessairement de la plume du camarade Présumey. Certes, le camarade est notre plume principale mais tout ce qui n'est pas signé de façon personnelle a été discuté et finalisé de façon collective. Il n'y a pas que les grands hommes dans la vie ."
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https://alternatifs44.blogspot.com/2017/06/hitlero-trotskyste-par-michel-broue.html"> https://www.agoravox.fr/auteur/jean-dugenet">https://www.agoravox.fr/auteur/jean-dugenethttps://www.agoravox.fr/auteur/jean-dugenet
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Voici donc ma réponse à Vincent Présumey et consorts. Je la divise en cinq parties :

1. Des étiquettes pour les partisans du Frexit

2. Les rénégats contre le Brexit et le Frexit.

3. Le CNR et la célébration du Brexit par François Asselineau

4. Front unique pour le piston et la censure

5. Unis pour le pire plus que pour le meilleur



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1. Des étiquettes pour les partisans du Frexit

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Après avoir discuté sur AgoraVox de votre message du 20 février 2020 et d'une première réponse, je suis maintenant en mesure de répondre point par point à toutes vos arguties. Je déborderai d'ailleurs sur des questions annexes car cette polémique est une bonne occasion pour préciser mon analyse de la situation actuelle à la lumière de diverses errances de quelques anciens lambertistes. Je parlerai notamment de Michel Broué et de Benjamin Stora. D'après la Wikipédia Benjamin Stora "fait partie des 131 personnalités qui appellent dans une tribune au maintien de la candidature de Cédric Villani pour les élections municipales de 2020 à Paris." C'est de "l'extrême-gauche" révolutionnaire proche de Macron ! Il est surtout connu actuellement comme historien spécialiste de la guerre d'Algérie. Toujours d'après la Wikipédia Michel Broué a appelé à voter pour Hollande en 2012 et pour Macron au 2ème tour en 2017. C'est de "l'extrême-gauche" révolutionnaire proche du PS et de Macron ! Dans un passé plus glorieux, Michel Broué a mené des campagnes internationales pour la défense des libertés dans le monde. L'une d'elle a abouti à la libération du mathématicien Léonid Pliouchtch. Il est actuellement président de la société des amis de Médiapart. Je parlerai aussi de Pierre Broué, le père de Michel Broué, qui fut un historien-trotskiste et un trotskiste-historien à propos duquel je ne dirai que du bien.

J'ai peine à croire, mais je l'accepte puisque vous le dites, que votre message sur le site "Arguments pour la lutte sociale" "a été discuté et finalisé de façon collective" et non pas seulement par Vincent Présumey comme l'a dit Eninel dans un précédent message. Les autres sont-ils eux aussi des électeurs d'Emmanuel Macron après avoir été ceux de Jacques Chirac ? Sont-ils contre le Frexit et le Brexit ? Crachent-ils leur mépris sur les gilets-jaunes ? Défendent-ils l'UE au point de nier que Walter Hallstein était un nazi ? Je n'en sais rien puisqu'ils restent dans l'anonymat ce qui ne facilite pas une franche discussion.

Vous caractérisez d'emblée l'UPR comme une "organisation nationaliste et chauvine bourgeoise". J'ai montré dans mon article intitulé "Adversaires ou partisans du Frexit : lesquels sont des nationalistes ?" que ce sont les adversaires du Frexit qui sont des nationalistes. Je ne vais pas reprendre ici tout ce que j'ai expliqué. Les adversaires du Frexit se sentent agressés quand on leur dit que Walter Hallstein était un nazi car celui-ci fut le premier président de la CEE et le resta pendant neuf ans. Tant et si bien que sur votre site "Arguments pour la lutte sociale" vous vous êtes empressé de reproduire une tribune publiée auparavant dans le monde du 28 mars 2019. Celle-ci émanait d'un collectif de 67 "historiens" européens qui ont réussi à se liguer pour protester contre le livre de Philippe de Villiers. Le titre : "Philippe de Villiers n'a pas le droit de falsifier l'histoire de

l'UE au nom d'une idéologie". Je ne retrouve plus cet article sur votre site. L'avez-vous supprimé ou est-ce que je ne sais pas utiliser votre fonction de recherche ? Quoi qu'il en soit, il est vrai que Philippe de Villiers a publié un livre dans lequel il montre notamment que Walter Hallstein était un nazi ce que contestent ces soi-disant historiens. Je ne défends pas l'idéologie de Philippe de Villiers mais je défends la vérité. J'ai largement exposé les faits qui prouvent que "Walter Hallstein était un nazi". Ces soi-disant historiens se déshonorent en voulant nier cette évidence et ceux qui exhibent leur torchon aussi. C'est une manie chez "les gens de gâche" de ne jamais vouloir admettre que "les gens de droite" peuvent dire des choses vraies. Leur goût prononcé pour les amalgames les amène à qualifier de réactionnaires ceux qui répètent des vérités dont la source vient d'auteurs "de droite". Ainsi, il fut interdit par toute l'intelligentzia de la "gâche respectable" de dire que Daniel Cohn Bendit avait banalisé la pédophilie dans certaines déclarations puisque les premiers à avoir exhibé cette réalité étaient de "droite". Dans le même ordre d'idée, rappelons que le passé pétainiste de Mitterrand était archi-connu dès 1981 puisqu'il avait été largement exposé dans des journaux comme "Minute" et "Crapouillot" aussitôt après son élection. La photo où on le voit manifester devant une banderole : "Contre l'invasion métèque, faites grève" était connue dès cette époque. Celle où on le voit avec Pétain aussi, de même que celle où il est attablé avec son ami Bousquet. Contrairement à ce que beaucoup disent, il n'était pas nécessaire d'attendre le livre de Pierre Péan pour le découvrir. Il ne faut pas nier cela pour justifier le silence sur cette question en 1981, 82, 83... notamment de la part des lambertistes qui étaient déjà en pleine capitulation. La vérité est toujours révolutionnaire. Je dis bien : "toujours". Il n'y a pas des vérités "de droite" et des vérités "de gauche".

Nous voyons que Vincent Présumey et consorts ne cherchent pas à discuter. Ils invectivent et assènent sans rien argumenter. Les défenseurs de la "Neue Europa" d'Hitler, Mussolini et Pétain, tout comme les défenseurs de l'UE d'aujourd'hui, sont évidemment bien plus nationalistes que les partisans du Frexit.

En fait les étiquettes qu'ils veulent coller sur l'UPR concernent tous les partisans du Frexit. Rappelons que cette organisation n'est pas un parti politique. L'UPR est un rassemblement provisoire de militants qui sont partisans du Frexit, sans aucune autre caractérisation politique que cette volonté commune. C'est aussi idiot de vouloir mettre une étiquette ("gauche", "droite", "ouvrière", "bourgeoise") sur l'UPR que sur le CNR. L'UPR n'a ni vocation à défendre le capitalisme ni vocation à s'y attaquer. Elle regroupe des patriotes, parmi lesquels se trouvent assurément des anti-communistes, et des internationalistes. Elle a vocation a créé

un nouveau CNR mais, actuellement l'UPR est loin d'être un cartel d'organisations comme l'était le CNR. C'est cependant, de mon point de vue, l'organisation qui est la plus engagée dans cette voie. C'est pourquoi, en toute cohérence, j'ai décidé d'y adhérer depuis trois ans et je suis loin de le regretter car cela m'a permis de me sortir des sempiternelles discussions de spécialistes sur le lambertisme pour m'ouvrir aux préoccupations de la jeunesse et de la classe ouvrière dans son ensemble. J'ai pu y défendre mes idées pendant trois ans sans faire aucune concession notamment celles que j'ai exprimées dans deux livres. Aucune autre organisation ne m'aurait permis de faire cela et je vois bien ici même comment "l'extrême-gauche européiste qui votre pour Macron" ne le voucrait surtout pas.

Le programme du CNR contenait deux parties. La première concernait l'action immédiate dans le contexte de l'occupation allemande et dans la perspective de la Libération. Dans la similitude que nous établissons entre le combat du CNR pendant la guerre et le combat de l'UPR pour le Frexit, nous nous en tenons principalement à cette première partie. Nous en sommes à la période de résistance à la dictature européiste avec l'objectif de nous en libérer pour que la volonté du peuple français telle qu'elle a été exprimée lors du référendum de 2005 soit respectée.

Il reste l'étiquette "chauvine" qui n'adhère pas davantage au flacon. Loin de vouloir privilégier les pays européens c'est-à-dire ceux où prédomine la race blanche et les religions chrétiennes, les partisans du Frexit veulent que la France reste ouverte au monde entier en sortant de la politique agressive de l'OTAN à l'égard du monde arabo-musulman et de la Russie de Poutine. Rappelons que le mot d'ordre des "Etats Unis Socialistes d'Europe" a été un moment avancé en opposition à la politique du "socialisme dans un seul pays" pour mettre en avant la nécessité d'élargir la révolution russe à d'autres pays d'Europe. Trotsky ne l'avait pas conservé dans le "programme de transition". Nous ne le mettons plus en avant dans le contexte actuel pour bien nous différencier des européistes de tout poil. Nous n'avons aucune raison, par exemple, d'avoir des relations privilégiées avec la Lettonie, l'Estonie et la Lituanie, que la plupart des français ne savent même pas situer sur une carte de géographie, et de rejeter les pays du Maghreb avec lesquels nous avons des liens culturels et économiques étroits depuis plus d'un siècle. Qui sont les chauvins ?

Revenons à vos affirmations messieurs Présumey et consorts. Que reste-il des étiquettes que vous voulez accoler sur les partisans du Frexit : Nationalistes ? Bourgeois ? Chauvins ? Vous ne présentez aucun argument.



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2. Les rénégats contre le Brexit et le Frexit.

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Vous continuez sur le même ton. Vous assénez, invectivez, amalgamez. Vous caractérisez maintenant le Brexit, en lançant des étiquettes comme des injures : "le Brexit, une opération 100% bourgeoise". En guise de justification, vous dressez un tableau du Brexit qui est peut-être pire que tout ce que les médias les plus réactionnaires d'Angleterre et de France ont pu servir pour contrer, par la peur, la volonté du peuple anglais de s'émanciper de la tutelle de l'UE, volonté qu'ils ont clairement exprimée lors du référendum du 23 juin 2016. Afin de bien vous mettre le nez dans votre politique, ce qui nécessite souvent que vous vous pinciez le nez, je rappelle ce que disait Stéphane Just au lendemain du référendum de Maastricht à propos de ceux qui expliquaient déjà que le ciel tomberait sur la tête des peuples qui refuseraient cette UE.

"Rarement propagande officielle n'a été si intense, si mensongère, si vicieuse que pendant la campagne préparatoire au référendum sur la ratification du traité de Maastricht. Pendant des semaines, du matin au soir, sous une forme insidieuse ou ouvertement, radio et télévision ont donné de la voix et de l'image pour le vote Oui. La dernière semaine de campagne a été, de ce point de vue, remarquable. Au cas où le Non l'aurait emporté, le ciel devait s'abattre sur la tête de la population française. La preuve ? Selon Bérégovoy et les autres, c'était la crainte d'une majorité de Non qui déclenchait la crise monétaire et financière."

Le pauvre Stéphane Just doit se retourner dans sa tombe s'il apprend que maintenant c'est en son nom que Vincent Présumey et consorts reprennent en coeur cette propagande visant à faire croire que ceux qui s'opposent à l'UE en voulant en sortir vont voir le ciel leur tomber sur la tête.

Il aura fallu passer outre 3 ans et demi de manoeuvre de la dictature européenne pour qu'enfin la volonté du peuple exprimée dans un référendum soit respectée. La volonté des français exprimée en 2005 ne sera par contre jamais prise en considération. Les européistes ont gagné contre le peuple français. Je suppose que vous vous en réjouissez. Vous assurez le relais de la propagande "si intense, si mensongère, si vicieuse". Voyons cela en détail. Nous essaierons ensuite d'analyser les questions politiques de fond.. Il s'agit pour vous de montrer que l'ère des catastrophes promises par tous les européistes est bien en train de se réaliser pour les anglais. Nous avons déjà des renseignements sur le premier budget post-Brexit qui sera dévoilé le 11 mars. Voici quelques données livrées le 7 janvier 2020 par Le Figaro et l'AFP : "hausse des dépenses des services publics et la fin d'une décennie d'austérité", "Johnson augmente le salaire minimum de 6,2%". Il était inférieur au SMIC français. Il est maintenant supérieur. Vous annoncez tout l'inverse sans donner aucune source. Vous annoncez notamment que "les jours du NHS sont comptés" (système de santé public anglais) alors que le budget des hôpitaux va être considérablement augmenté. Même si certains contestent qu'il puisse y arriver, Johnson parle de recruter 50 000 infirmières et 6 000 médecins généralistes supplémentaires. Je vous invite à regarder la vidéo intitulée "Suite au Brexit, la France va à la ruine et l'Angleterre renait". Même si vous détestez François Asselineau, vous devriez réussir à supporter ces 16 mn édifiantes, sans avoir à vous pincer le nez. En matière de grossières contre-vérités, vous ne vous arrêtez pas là. Vous annoncez des mesures catastrophiques pour les migrants et, pour cela, vous mettez sur le dos de Johnson "le scandale du Windrush". Il s'agissait de menaces d'expulsions massives qui venaient justement des adversaires acharnés du Brexit : Theresa May et sa ministre de l'intérieur Amber Rudd qui ont été contraints de démissionner depuis. Joli tour de passe-passe que de mettre sur le dos des brexiteurs les plans de leurs adversaires. C'est l'art des amalgames.

Passons aux choses sérieuses en essayant de faire un peu d'analyse politique. Les élections britanniques à la chambre des députés se font à la proportionnelle à un seul tour. C'est essentiellement pour cela qu'en Angleterre, depuis fort longtemps, par le jeu des accords électoraux, nous avons deux grands partis les conservateurs et les travaillistes qui s'affrontent aux élections législatives. Le mouvement ouvrier représenté par les travaillistes est, de longue date, dirigé chez eux comme ailleurs par des traitres. Corbyn, le chef des travaillistes, a affiché à propos du Brexit une position ambigüe à la mode Mélenchon : on est contre mais on reste dedans pour la changer en envisageant toutefois d'en sortir. Il disait qu'il resterait neutre en cas de deuxième référendum. A


l'opposé, certains leaders du camp des conservateurs ont saisi l'exaspération d'une grande masse de la population sur cette question et ont pris une position nettement et radicalement favorable au Brexit : Farage et Johnson. Nous savons que la question de l'UE traverse les clivages politiques traditionnels. Dans chaque parti se trouve à la fois des adversaires et des partisans du Brexit en Angleterre comme en France. Toutefois en France la question se pose différemment puisque toutes les directions des grands partis (ouvriers ou bourgeois) sont européistes alors que la moitié des français est favorable au Frexit. C'est du moins ce que nous évaluons raisonnablement en comparant avec l'Angleterre, ou en regardant le résultat du référendum de 2005 et même aussi le "oui minoritaire", comme disait Stéphane Just, du vote pour le traité de Maastricht. La question du Brexit peut aussi être perçue de diverses façons par les puissances financières. Il est possible que certaines soient favorables au Brexit mais, en Europe, les capitalistes sont massivement pour maintenir l'UE autant que possible tout en sachant bien que l'édifice est fragile. Ils se préparent donc à d'autres solutions avec probablement quelques angoisses. Il est certain que les travailleurs n'ont rien à gagner à cette institution de fond en comble réactionnaire.

Dans ces conditions, à cause essentiellement de la trahison des travaillistes qui auraient dû de longue date être les plus acharnés partisans du Brexit, les travailleurs ont été contraints lors des dernières élections législatives de choisir entre le vote pour les travaillistes sans Brexit ou le vote pour les conservateurs avec Brexit. C'est pourquoi un grand nombre d'électeurs habituellement favorables aux travaillistes ont voté pour les conservateurs. L'analyse des résultats électoraux par secteurs le montre nettement. Au bilan de tout cela, il faut évidemment se réjouir du Brexit mais regretter que ce soient des conservateurs qui le mettent en oeuvre, le comble étant que les conservateurs vont avoir les moyens de mener une politique bien plus sociale qu'auparavant. L'Angleterre était en effet un pays contributeur net pour l'UE c'est-à-dire qu'elle payait plus qu'elle ne recevait. L'Angleterre va donc récupérer 11 à 12 milliards par an et bien d'autres avantages que vont lui amener son indépendance pour négocier des traités bilatéraux où elle ne sera plus perdante comme pour la directive des travailleurs détachés. Votre point de vue est beaucoup plus simple et sans aucune nuance, sans doute grâce aux miracles que permet la réflexion collective, puisque le Brexit est pour vous :

"une opération 100% bourgeoise visant à faire prévaloir les intérêts d'une aile du capital financier et immobilier en GB, la plus parasitaire et la plus spéculative qui soit".

Pour sortir une aussi brillante analyse, il a fallu que vous vous y mettiez à plusieurs, bien qu'il ne soit pas nécessaire avec un discours simpliste de ce genre de manier la dialectique. Il n'en demeure pas moins cependant que les conservateurs feront une politique de conservateurs et il est justifié d'avoir des craintes à ce sujet. Il est d'ailleurs possible que la situation des migrants s'aggrave mais elle restera assurément meilleure que celle que leur offre la France. Je compte sur la résistance des travailleurs anglais qui, du moins je l'espère, ne se laisseront pas trahir autant que les français avec les socialo-communistes de Mitterrand. J'espère bien qu'ils n'accepteront jamais le niveau de violence contre les migrants qui se pratique en France. Notons que ce dernier point n'a rien à voir avec le Brexit puisque l'Angleterre n'est pas dans l'espace Shengen.

En matière de politique d'émigration, il faut considérer, comme sur beaucoup d'autres points, que l'ennemi principal est dans notre propre pays. C'est pourquoi, dans mes livres, j'ai cru bon de me prononcer avant tout sur la politique de la France plutôt que sur celle de l'Angleterre. J'y dénonce notamment les centres de rétention qui n'ont pas leur équivalent en Angleterre et qui ont été mis en place par les socialo-communistes sous Mitterrand. Je parle de cette époque où les lambertistes n'étaient pas très bavards sur le passé pétainiste de Mitterrand ni sur son passé de bourreau des nationalistes algériens et de guillotineur (notamment de Fernand Iveton). J'aimerais beaucoup, par respect pour les migrants, que la politique de la France soit la même que celle de l'Angleterre. Ce ne serait certes pas le paradis ni en France ni en Angleterre mais les migrants n'éprouveraient pas le besoin de passer en Angleterre pour y trouver les droits qui leurs sont refusés en France et je crois que cela va durer après le Brexit et avec Johnson. On en reparlera. Cela ne vous empêche pas d'affirmer qu'en Angleterre :

"des centaines de milliers de ressortissants étrangers (citoyens européens ou extra-européens, peu importe, sur ce plan les conservateurs pratiquent l'égalité) sont dans l'angoisse de l'expulsion de masse".

La situation est manifestement pire en France car les migrants cherchent toujours avec autant de persévérance et de détermination à passer en Angleterre. Vous cherchiez seulement à montrer que l'ère des catastrophes promises par la propagande réactionnaire depuis plus de trois ans est en train de se réaliser. Vous persévérez dans la voie des réactionnaires alors que nombre de leurs médias commencent à changer de registre ou à infléchir leurs discours.

Après avoir ainsi dénigré le Brexit, vous concluez : "Alors rêver de dupliquer une telle opération en France sous le label Frexit, non merci." Vous êtes donc bien de farouches adversaires du Brexit, du Frexit et de toute sortie de l'UE. Finalement j'ai obtenu de votre part une réponse à ma demande initiale puisque je souhaitais que chacun avance son programme. Nous savons que le vote pour des réactionnaires (Chirac ou Macron) fait partie de votre arsenal. Nous savons aussi que vous défendez l'UE. Votre façon de le dire est assez détournée. C'est donc seulement au terme d'un raisonnement que nous le découvrons et je me doute d'ailleurs que si vous deviez le dire plus explicitement vous ne manqueriez pas d'expliquer, comme tous les européistes, que vous êtes pour une autre Europe. Forts d'un tel programme, vous vous permettez de faire de l'humour en disant :

"Il sera difficile de nous faire croire que le slogan "tout le pouvoir aux Tories (conservateurs) !" soit un mot d'ordre bolchévik."

Personne ne tente de vous le faire croire. Mais, de surcroit, la situation bien réelle que nous connaissons où tout le pouvoir est à l'UE ne nous convient pas, contrairement à vous, et bien évidemment nous n'envisageons pas de lancer le mot d'ordre "tout le pouvoir aux conseils ouvriers" dans un pays qui n'a pas son indépendance nationale. Les trotskistes n'ont jamais envisagé une révolution socialiste dans une France sous la tutelle de l'Allemagne nazie. Je ne vois pas pourquoi ils le feraient dans une France sous la tutelle de l'UE. Pensez-vous faire une révolution socialiste dans une France sous domination de l'OTAN et de l'UE et qui n'aurait donc pas à se libérer de cette tutelle ? Autant faire des révolutions socialistes dans des pays colonisés sans les libérer du joug du colonialisme ou commencer en Russie par faire la révolution prolétarienne d'octobre 1917 pour faire ensuite la révolution bourgeoise de février 1917. Il va falloir relire "La Révolution Permanente" de Trotski.

Vous vous interrogez sur la cohérence de ma pensée tout en écrivant :

"libre à toi, de te noyer dans cette fange réactionnaire! Pour notre part, ces gens-là, leurs idées nationalistes, chauvines, racistes et réactionnaires, les intérêts sociaux qu'ils défendent, ne sont pas de notre monde."

Je crois rêver ! Parlez-vous de Chirac et de Macron ? Je n'ai jamais voté pour eux. Parlez vous des européistes ? De ces milliardaires qui tiennent tous les grands médias, qui nous inondent de leur propagande pour l'Europe et censurent systématiquement ceux qui défendent le point de vue exprimé par la majorité des français ? Parlez vous des " idées nationalistes, chauvines, racistes et réactionnaires, des intérêts sociaux qu'ils défendent" ? Mais non ! Ce n'est pas d'eux que vous parlez. Pour ma part, je ne m'interroge pas en ce qui concerne vos incohérences. J'ai à ce sujet des certitudes. Mais, si vous persistez à avoir des doutes en ce qui me concerne, je vous invite à lire mes deux livres "De François Mitterrand à Jean Luc Mélenchon" et "Macron démission - Révolution" et à m'indiquer les éventuelles incohérences que vous pourriez y trouver.

Au vu du peu de consistance des arguments avancés contre moi je dois rappeler qu'il est possible pour un marxiste de parler de nation et de peuple. Ces notions amalgament évidemment capitalistes et ouvriers. Elles sont indispensables pour parler d'indépendance nationale, de droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, de Brexit, de Frexit, de CNR. De cela il est possible aussi de discuter sereinement.



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3. Le CNR et la célébration du Brexit par François Asselineau

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Vous abordez d'ailleurs le sujet du CNR dans ces termes :

"Il est bon de souligner que si nous profitons de ce qui subsiste des avancées sociales acquises à la Libération, notamment à travers la Sécurité sociale, il est néanmoins bon de rappeler que le programme du CNR ne visait pas le socialisme mais la sauvegarde du capitalisme à travers un ensemble de concessions sociales envers la classe ouvrière et une reconstruction menée dans la paix sociale achetée à ce prix."

Merci de nous annoncer que le CNR ne visait pas le socialisme. Il suffit en effet de lire son programme pour le savoir. Comme je l'ai déjà dit l'UPR non plus ne vise pas le socialisme. Elle vise le Frexit et elle propose pour cela de créer un nouveau CNR. Je sais très bien que le programme du CNR n'était pas le "Programme de Transition" de Léon Trotski. J'estime seulement qu'aujourd'hui, comme pendant l'occupation allemande, la question de l'indépendance nationale est de première importance. Bien évidemment l'indépendance nationale n'est pas le socialisme. La rupture avec la tutelle de l'OTAN et de l'UE serait cependant aussi importante dans le changement de l'équilibre mondial que la libération de 1945. Ce serait assurément le déclenchement d'une vague révolutionnaire sur toute l'Europe. Ce n'est que dans cette perspective que peut actuellement se construire une force révolutionnaire.

Pour la suite, il y a de fortes chances pour que les militants de l'AGIMO (Avant-Garde Internationaliste du Mouvement Ouvrier) qui sont dans l'UPR prennent leur indépendance et qu'ils continueront à agir avec les militants de l'AGIMO qui ne seront pas dans l'UPR. Telle est, je le rappelle, la proposition que je soumets à tous les militants du mouvement ouvrier. Cela suppose que nous puissions nous mettre d'accord sur un minimum de propositions. Il est évident que les européistes n'auront pas leur place avec nous.

Pour finir, vous écrivez :

"Nous gardons en tête la photo de la célébration du Brexit regroupant les formidables amis de la classe ouvrière et de la fraternité internationale des travailleurs que sont Florian Philippot, Asselineau, Nicolas Dupont-Aignan, Cheminade, Jean-Frédéric Poisson, les stars national-populistes issus de la FI, et quelques autres. Libre à toi, de te noyer dans cette fange réactionnaire ! Pour notre part, ces gens-là, leurs idées nationalistes, chauvines, racistes et réactionnaires, les intérêts sociaux qu'ils défendent, ne sont pas de notre monde."

Ainsi, à l'issue d'une réflexion collective, personne dans votre collectif ne s'est aperçu que cela ne me concernait pas du tout. La réunion dont il est fait état ici n'était pas une réunion de l'UPR. Elle n'a pas été préparée par l'UPR. Elle n'a pas été convoquée par l'UPR. Voir notamment la vidéo sur YouTube intitulée "Retour sur la grande soirée du Brexit":

"On avait organisé cette soirée en précisant bien qu'il ne s'agissait pas d'une soirée UPR. Nous avions choisi un local qui, contrairement à certaines calomnies qui circulent sur la toile, n'était pas au siège de l'UPR (...) J'avais invité de nombreuses personnalités de tout l'échiquier politique sauf les personnalités les plus farouchement pro-européennes (...) J'avais invité toutes ces personnalités en espérant que, le temps d'une soirée, on pourrait mettre de côté tout ce qui les sépare pour célébrer ce grand jour que constitue un grand peuple, le peuple britannique, qui recouvre la liberté (...)"

Il me semble que c'est suffisamment clair. Cette "fête" a été organisée par François Asselineau et ses amis. Il est vrai que le "on" qu'il emploie est indéfini mais il dit clairement que "il ne s'agissait pas d'une soirée UPR". Cela a été dit avant la réunion, pendant la réunion et après la réunion. C'est François Asselineau qui a invité les personnalités de son choix à partir de son "carnet d'adresse personnel". Je n'ai pas


participé à cette réunion. Mais j'ai encore quelques remarques à faire au sujet de la forme de votre discours qui est bien différente de celle de tous les grands leaders du mouvement ouvrier qui cherchent toujours à être le plus clair possible. Pourquoi, par exemple, cette expression : "les stars national-populistes issus de la FI" ? Il me semble qu'il n'y avait qu'une seule personne venant de la FI : Djordje Kuzmanovic. Il n'était pas difficile de donner son nom et vous pouviez soit ne pas ajouter de commentaires soit justifier vos commentaires (les stars national-populistes issus de la FI). Dans le même ordre d'idée vous pouviez ne citer aucun nom ou les citer tous car, vous laissez la désagréable impression que ce n'est pas le hasard qui guide votre sélection. Vous aviez aussi la liberté de faire un choix mais, dans ce cas, l'honnêteté imposait de le dire. Parmi les "quelques autres" dont vous parlez, sans donner les noms, se trouvaient notamment Gilles Casanova, Pierre Levy et Philippe Pascot que vous amalgamez ainsi à "cette fange réactionnaire ! Pour notre part, ces gens-là, leurs idées nationalistes, chauvines, racistes et réactionnaires, les intérêts sociaux qu'ils défendent, ne sont pas de notre monde". Allez donc le leur dire plutôt que de faire des amalgames !

Tout ce que vous dîtes-là est d'autant plus hors sujet que, dans la proposition que j'ai faite, il n'était pas du tout question de l'UPR. Je n'en ai fait état que parce que j'estime, contrairement à vous, qu'il faut en toute chose être le plus clair possible et j'ai donc signalé que j'étais membre de l'UPR, bien que l'adhésion à l'UPR n'était pas ma proposition du moment. C'est bien sûr un choix que j'assume et qui peut être critiqué. Je sais le défendre. Mais, cela ne doit pas interdire de répondre à ma proposition. Pour toute réponse, je n'ai reçu qu'une série d'invectives ce qui interdit la discussion entre militants que je propose. Vérité et clarté sont d'ailleurs l'essentiel de ma proposition car je demande à chaque militant d'exposer son programme simplement en donnant la liste des propositions qu'il peut être amené à faire selon les circonstances et chacune de ses prises de position afin qu'en toute clarté nous puissions en discuter.

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4. Front unique pour le piston et la censure

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Loin d'essayer d'être le plus clair possible, loin de répondre à la question posée, vous préférez au terme d'une mûre réflexion collective, encore et toujours, asséner, invectiver, amalgamer... Mais vous ne vous contentez pas de cela. Vous concluez : "Aujourd'hui, la nécessité, c'est l'unité des travailleurs, pas l'alliance avec leurs ennemis". Je ne vais pas laisser des européistes par ailleurs électeurs de Chirac et Macron m'accuser d'alliance avec les ennemis de classe. Ceux qui veulent essayer ont tout intérêt à se mettre au clair avec leur passé et à me montrer la voie à suivre par leur exemple avant d'essayer de me donner des leçons car toute ma vie je suis resté digne et l'ennemi de classe m'a fait payer et me fait encore payer mon combat pour la cause des exploités. Ainsi mon compte Facebook est "temporairement verrouillé" depuis la mi-novembre c'est-à-dire depuis la mise en vente de mon livre sur Macron. Eux, savent reconnaître leurs ennemis et veulent m'interdire de vendre ce livre, confirmant à leur façon que c'est une cinglante démonstration de ce qu'est le macronisme et de la responsabilité des "béquilles" qui le maintiennent en place. Ainsi, quand j'ai fréquenté l'université, j'ai protesté en 2002 quand des personnes ont illégalement utilisé les listes de diffusion universitaires et scientifiques pour diffuser l'appel à voter Chirac que vous avez défendu. Dans la liste des signataires de cet appel se trouvait notamment Michel Broué qui, lui aussi a voté pour Macron en se pinçant le nez et en appelant cela "voter contre Le Pen". Face à mes protestations, il a fallu que je précise que je ne défendais pas la respectable orientation d'Arlette Laguiller mais plutôt celle de Pierre Broué le père de Michel. Le responsable de la diffusion a alors pris contact avec mon directeur de thèse pour engager un processus de répression contre moi. J'évoque indirectement cela dans mon livre "Macron démission - protestation" à propos du "Pénélope-Gate" (page 151) :

"Regardez-donc à l'université comment sont choisis les maîtres de conférences ou au CNRS comment sont choisis les ingénieurs de recherche. Les femmes, les maîtresses, les enfants, les gendres et les brus des "gens en place" ont une priorité absolue et ce n'est pas pour quelques mois que sont ainsi recrutés des incapables. C'est pour toute une vie que sont ainsi payées des personnes pour faire de la recherche alors qu'elles n'en feront jamais. Pour faire néanmoins avancer la recherche ces "gens en place", tel que Bernard Victorri qui fut directeur adjoint du CNRS et s'est particulièrement illustré dans ce domaine, font marner des thésards qu'ils sacrifient comme de la chair à canon. Ces pratiques sont tellement habituelles qu'aucun recours ne peut aboutir et qu'en conséquence les victimes ne sont jamais indemnisées."

Inutile de préciser que je n'ai obtenu ni poste de maître de conférences ni poste d'ingénieur de recherche. Y a-t-il une relation de cause à effet ? Là où bien d'autres ont trouvé profit du système qu'ils dénoncent, j'ai été sanctionné et je suis encore sanctionné. J'ai d'ailleurs aussi évoqué cela dans un autre livre :

"il faut reconnaître (qu'en plus) ils ont fait par la suite beaucoup d'études pour arriver au niveau Bac+8 (je

parle des universitaires). Regardons-y de plus près. Savez-vous qu'il est tout à fait possible d'être recruté comme enseignant-chercheur dans une discipline sans jamais y avoir fait d'études ? Il y a un cas bien connu car il a déjà été révélé plusieurs fois. Il s'agit de l'historien Benjamin Stora qui n'aurait sans doute jamais pu faire de carrière universitaire s'il n'avait été recruté comme maître de conférences en sociologie par son ami en politique Pierre Fougeyrollas. Nous disons bien, et il faut le souligner, que cet historien a été recruté par piston sur un poste de sociologie. Qu'est devenu l'étudiant anonyme de sociologie qui, en toute équité, aurait dû avoir ce poste ? Il reste à ce sujet un petit pan de l'Histoire que Benjamin Stora n'écrira pas."

En fait ce n'est pas comme maître de conférences mais comme assistant en sociologie qu'il avait été recruté par piston. Comment Fougeyrollas, Benjamin Stora et tous les lambertistes peuvent-ils à la fois se prononcer pour des règles d'impartialité lors des recrutements de la fonction publique et s'accommoder entre copains de ces ignobles magouilles dont je suis l'une des victimes ? Que serait aujourd'hui Benjamin Stora sans cette tricherie ?

J'ai donc cité les noms de trois personnes qui sont liées pour le meilleur et pour le pire : Michel Broué, Vincent Présumey et Benjamin Stora. Je précise que je n'ai aucun doute sur la probité de Michel Broué qui était un mathématicien reconnu avant de se mêler de politique et je n'imagine pas un moment que Pierre Broué ait usé de son influence pour pistonner son fils. Vu les moeurs qui se pratiquent dans les procédures de recrutement à l'université cela mérite d'être souligné.

J'ai par contre quelques questionnements en ce qui concerne le parcours politique de Michel Broué. Je me souviens avoir participé à un meeting de soutien à Léonid Pliouchtch qui se tenait à la mutualité. Michel Broué était à la tribune puisqu'il était à l'initiative de sa libération. J'ai beaucoup de respect pour son action à ce sujet au sein du "Comité des Mathématiciens". Il y avait eu des actes de violences dans la salle. Je n'avais pas vu précisément ce qui s'était passé mais j'ai appris par la suite que des sympathisants de Balazs Nagy s'étaient fait tabasser par le service d'ordre de l'OCI qui voulait leur interdire de s'exprimer. Je m'étais fait accompagner par un groupe d'instituteurs et, en bon militant de l'OCI, je m'étais senti obligé de leur justifier cette violence en la mettant sur le dos d'inévitables staliniens qui ne pouvaient pas supporter que ce meeting remette en question la politique répressive de l'URSS. J'ai eu tort. La responsabilité de cette violence incombait à Lambert. Je me suis fait son complice. Michel Broué était obligatoirement lui aussi plus ou moins complice et probablement plus que moi.

Depuis il est président de "la Société des Amis de Médiapart". Cela pose d'autres questions puisqu'à ce titre il collecte le fric que verse notamment Xavier Niel qui fit de la prison en étant accusé de proxénétisme. J'explique cela en détail dans mon livre "Macron démission - Révolution" (pages 118 et 119). Xavier Niel n'est pas seulement à la tête
d'une grande fortune salement acquise, il est surtout le gendre putatif du nec-plus-ultra du capitalisme mondial : Bernard Arnault. J'ai écrit un billet à ce sujet intitulé "Bernard Arnault : première fortune mondiale". De plus, par ses fonctions de président des Amis de Médiapart, Michel Broué cautionne peu ou prou les discours d'Edwy Plenel qui calomnie François Asselineau en le traitant de xénophobe. Voir la vidéo de YouTube intitulée : "Pour Edwy Plenel (Médiapart), Asselineau est xénophobe". Voir aussi mes commentaires à ce sujet dans mon article "Adversaires ou partisans du Frexit : lesquels sont des nationalistes ?". Il n'est pas question pour moi de faire des amalgames mais en choisissant ainsi d'être président des Amis de Médiapart Michel Broué joue un rôle dans le système des médias qui défendent tous l'Union Européenne et censurent les partisans du Frexit.

Entendons-nous bien ! Michel Broué est libre d'être plus ou moins européiste, opposé au Brexit et au Frexit comme Vincent Présumey si j'ai bien compris. Il est libre aussi de détester le "militant de la bourgeoisie" François Asselineau et de préférer les glorieux "militants ouvriers" comme François Mitterrand, François Hollande ou Ségolène Royal. Je n'ai pas perçu précisément leurs positions sur ces sujets. Cela faisait partie de ma démarche initiale de faire en sorte que chacun s'exprime clairement sur ces questions pour que nous puissions en discuter sereinement. Mais je parle ici d'autre chose. Je parle de démocratie. Je les accuse de participer peu ou prou à la censure de ceux qui expriment sur l'UE l'avis majoritaire de la population.

J'en appelle en effet au soutien inconditionnel à toute victime de la répression, d'actes arbitraires ou antidémocratiques. C'est un principe sur lequel pour ma part je ne transige pas. Voir à ce sujet le chapitre "Soutien inconditionnel" dans mon livre "De François Mitterrand à Jean-Luc Mélenchon" et mon article "Soutien inconditionnel à Jean-Luc Mélenchon et à la France Insoumise". J'ai cru comprendre, à propos des attaques subies par Jean-Luc Mélenchon dans l'affaire des perquisitions que la position de Médiapart était bien différente de ce qui devrait être maintenant une tradition de tout le mouvement ouvrier, depuis l'expérience de la montée du fascisme en Allemagne. Je crois savoir ce que dirait le regretté Pierre Broué à ce sujet. Je vous demande de dénoncer la censure dont les partisans du Frexit font l'objet. Ils n'apparaissent quasiment jamais à la télévision qui est, toutes chaines confondues, unanimement européiste alors qu'il est raisonnablement admis qu'une moitié des français est pour le Frexit (exemple de l'Angleterre et référendum en France de 2005). Les vrais démocrates doivent se prononcer à ce sujet même s'ils sont européistes. J'ai bien l'impression que pour l'instant tous ces amis qui votent pour Macron et défendent l'UE sont plutôt satisfait de cette censure.

Il faut que chacun soit conscient de ses actes et je ne saurais trop inviter Michel Broué à réfléchir à la portée de ce qu'il fait aujourd'hui comme il faut qu'il réfléchisse à la portée de ce qu'il a fait avec les lambertistes.



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5. Unis pour le pire plus que pour le meilleur

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C'est donc pour le meilleur et pour le pire que sont rassemblés Michel Broué, Vincent Présumey et Benjamin Stora et il ne faut pas s'étonner que je sois amené à parler des trois.

Pour le meilleur, ils ont cosigné un article en défense des trotskistes mille fois calomniés par les staliniens et une mille-et-unième fois par le psychanalyste Jacques-Alain Miller qui a écrit une ignominie sous le titre "Le bal des lepénotrotskistes".

Pour le pire, ils défendent l'UE et ils ont été tous les trois des électeurs de Chirac au second tour des présidentielles de 2002 et des électeurs de Macron au second tour des présidentielles de 2017. Je pense qu'il est possible d'en discuter sereinement mais cela est mal parti. De Trotski et du trotskisme, il n'ont retenu que leur glorieux passé raconté notamment dans les livres de Pierre Broué comme "Meurtres au maquis" mais dans leur vie ils font une politique qui est à l'opposé de celle de ces trotskistes.

Il n'est pourtant pas nécessaire d'être un spécialiste de l'histoire du mouvement ouvrier pour lire ce que dit la Wikipédia sur la page consacrée à "L'élection présidentielle allemande de 1932". Pour "barrer la route à Hitler" les Présumey et autres Besancenot de l'époque appelaient à voter pour Hindenburg "en se pinçant le nez". Un an plus tard, se pinçant le nez à son tour, Hindenburg offrait la direction du Reich à Hitler. Trotsky écrivait :

"Descendant de marche en marche à la recherche du "moindre mal", la social démocratie (NDLR menant la politique des Présumey et Besancenot de l'époque) a fini par voter pour le feld marschall réactionnaire Hindenburg, lequel, à son tour, a appelé Hitler au pouvoir. Démoralisant les masses ouvrières par les illusions de la démocratie dans le capitalisme pourrissant, la social-démocratie a privé le prolétariat de toutes ses forces de résistance."

La similitude est totale avec la situation actuelle. Quelle différence y-a-t-il entre Macron et Le Pen pour ceux qui sont derrière Macron (Bernard Arnault, Xavier Niel...) ? Dans les circonstances de 2017 c'était le Macron qu'ils ont fabriqué qui leur convenait le mieux mais ils sont prêts à le changer avec Le Pen ou un(e) autre si les circonstances l'exigent pour sauver l'UE et tout leur système d'exploitation. Voter pour Le Pen ou Macron c'est voter pour le même camp. Ce n'est pas, ce ne sera jamais mon camp. Ce n'est pas moi qui propose la collusion avec l'ennemi de classe du mouvement ouvrier. Jamais je ne voudrais "privé le prolétariat de toutes ses forces de résistance."

Je ne peux que répéter à l'égard de votre collectif ce que j'ai déjà écrit par ailleurs :

"Je suis absolument certain que ceux qui ne se battent pas pour le Frexit ne sont pas trotskistes. Je suis absolument certain que ceux qui ont couvert le mouvement des gilets jaunes d'insultes et de calomnies ne sont pas trotskistes. Ceux qui n'ont pas compris que la stratégie du soutien inconditionnel est indispensable pour défendre les libertés démocratiques ne sont pas trotskistes. Je suis certain aussi qu'il faut pour le Frexit ne pas hésiter à se battre aux côtés de tous ceux qui veulent libérer la France de l'emprise de l'OTAN, de l'UE et de l'Euro. Il s'agit ni plus ni moins de construire un nouveau CNR. Les gauchistes et les sectaires qui veulent paraître purs et durs en refusant d'emprunter cet indispensable pont n'ont en fait nullement l'intention de passer sur l'autre rive. Ceux-là non plus ne sont pas trotskistes. Ce sont des révolutionnaires de la phrase dont l'attitude a été stigmatisée par Trotski lui-même dans le programme de transition : "Ils piétinent sur place, se contentant de répéter les mêmes abstractions vides. Les événements politiques sont pour eux une occasion de faire des commentaires, mais non d'agir. (...) Dans la politique pratique, les sectaires s'unissent à chaque pas aux opportunistes, surtout aux centristes, pour lutter contre le marxisme." De fait, les sectaires qui me critiquent appellent le plus souvent à voter pour des adversaires du Frexit (FI, NPA ou LO, quand ce n'est pas, ni plus ni moins, Chirac ou Macron). Au bout du compte, je me demande s'il reste des trotskistes en France."

Je ne peux pas faire mieux sur la question des élections que de citer Pierre Broué qui écrivait le 28 avril 2002 :

"Entré à l'hôpital pour une opération au lendemain du premier tour, je découvre en sortant que des camarades que j'estime ont jeté par-dessus bord idées et principes et appellent à voter Chirac ! J'avoue avoir reçu ce coup en plein visage et en tituber encore. Mon fils Michel m'offre de m'aider matériellement à exprimer mon point de vue. J'accepte. Je vais être brutal. Ces derniers jours, dans mon état semi-comateux, ne me récupérant que par morceaux, je me suis cru en août 14. Je ressens l'attitude de ces camarades, et notamment ceux de la Gauche socialiste (dont je ne suis pas et n'ai jamais été), comme un coup de schlague, une humiliation, une initiative très grave. Je suis trop fatigué pour écrire un vrai texte mais je vais essayer d'énoncer des repères.

1. Il n'y a pas de problèmes français. C'est guignolesque d'expliquer que ce vote Chirac deviendra un référendum contre Le Pen. Nous sommes dans le monde et ce que nos concitoyens du monde apprennent,

c'est ce que disent leurs journaux : "Les démocrates se rangent derrière Chirac." C'est grave, une vieille du goulag, une hija argentine, me demandent comment c'est possible... et mes amis d'Algérie.

2. J'affirme que la plupart de vos arguments (je m'adresse à ceux qui veulent voter pour Chirac) relèvent de l'épicerie. Ce ne sont pas les totaux de voix qui comptent mais la création, les manifestations, les réunions, les prises de parole, autrement dit la solidarité, l'élan, la ténacité et l'attachement au monde du travail : je n'oublie pas celui qui m'a dit, quand j'ai quitté l'hôpital : "Il faut dire à Jospin qu'on l'aime." Se cracher les uns sur les autres, même si on a raison dans sa rogne, cela ne profite qu'à Chirac et Le Pen. Il faut s'abstenir de violences verbales sans renoncer au débat et à la critique.

Marx et Ledru-Rollin, Trotsky et Hindenburg.

1. Déjà, Marx refusait le vote pour Ledru-Rollin et Trotsky celui pour Hindenburg. Honnêteté et courage. Vous qui dénoncez l'escroc et le super-menteur et qui avez de jeunes enfants, vous le leur dites comment, que vous votez pour lui ? Je crois que, dans votre désarroi, vous cherchez désespérément à gagner... du temps."

2. On ne gagne rien à se renier. Il faut marcher de l'avant, faire un Premier Mai grandiose, aider la jeunesse à renouer avec les traditions qu'elle cherche. Michel écrit qu'il appelle à voter Chirac, "la rage au coeur". Dans le mien, mes camarades, il n'y a pas de rage, mais nos espoirs, nos rêves, ce monde nouveau que vous voulez et qui sera vôtre, les jeunes, et toute l'amitié et l'amour qu'on a pour vous, connus ou inconnus.

- Et même nos amours mortes et celles qui n'ont pas pu éclore. Non, on ne va pas se masquer pour combattre.
- Dans les yeux, face à face, s'il vous plaît, et tête haute.
- Bulletins blancs ou nuls !
- Vive la vie !"

Je considère ce texte comme son testament politique. Il permet aujourd'hui d'identifier les renégats.

- Yours for the révolution.
- La tête haute et le poing levé !

Jean Dugenêt

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