ue AGIMO
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espace espace espace MANIFESTE DU PARTI COMMUNISTE

En outre, on a accusé les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité.

Les ouvriers n'ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu'ils n'ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s'ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot.

Déjà les démarcations nationales et les antagonismes entre les peuples disparaissent de plus en plus avec le développement de la bourgeoisie, la liberté du commerce, le marché mondial, l'uniformité de la production industrielle et les conditions d'existence qu'ils entraînent.

Le prolétariat au pouvoir les fera disparaître plus encore. Son action commune, dans les pays civilisés tout au moins, est une des premières conditions de son émancipation.
Abolissez l'exploitation de l'homme par l'homme, et vous abolirez l'exploitation d'une nation par une autre nation. Du jour où tombe l'antagonisme des classes à l'intérieur de la nation, tombe également l'hostilité des nations entre elles.


Karl Marx et Friedrich Engels      
Marx et Engels
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Internationalisme


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refugies

Internationalistes et patriotes

Les patriotes mettent l'accent sur la défense de leur patrie alors que les internationalistes défendent avant tout les exploités de tous les pays. "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !" écrivait Karl Marx pour conclure le Manifeste du Parti Communiste. Cela reste notre devise et, en cas de guerre entre nations, nous la complétons par la formule de Karl Liebknecht : "L'ennemi principal est dans notre propre pays". Cependant, les internationalistes défendent aussi leur pays puisque c'est dans le cadre national qu'ils ont conquis des droits sans cesse remis en cause par les exploiteurs. En ce sens, les internationalistes sont des patriotes mais les patriotes ne sont pas internationalistes puisque, au prétexte d'une défense de la patrie, ils en viennent, notamment lors des guerres, à défendre les capitalistes de leur pays. Le discours de Jean Jaurès intitulé "Patriotisme et Internationalisme" est la meilleure réponse à ceux qui veulent traduire "notre glorieux cri de : Vive l'internationale ! par l'inepte hoquet de : A bas la France !" Le fait que nous soyons amenés ainsi à défendre notre pays nous dresse contre les mondialistes qui veulent en détruisant les nations supprimer toutes les conquêtes ouvrières acquises dans le cadre national.

Patriotes et internationalistes ont en commun de combattre les nationalismes. Ceux qui sont avant tout des patriotes considèrent que ce qui les caractérise c'est l'amour de leur pays et non pas la haine du pays des autres. Les internationalistes, en prônant la solidarité entre les prolétaires de tous les pays, encouragent une solidarité de principes, d'intentions et d'actions dépassant les particularismes de chaque nation (religion, race, traditions...) Ils mettent en avant les intérêts de toute l'humanité. Ils s'opposent à tout chauvinisme et à tout conflit entre nations.

Le nationalisme s'oppose donc à la fois au patriotisme et à l'internationalisme. Les nationalistes veulent exalter la nation sous toutes ses formes (Etat, culture, religion, ethnie, langue, histoire, traditions...) par opposition aux autres nations et populations.

Le nationalisme est donc une doctrine chauvine et xénophobe qui amène à la détestation
d'autres peuples notamment dans les périodes de guerre. Le nationalisme vise à rendre responsable un peuple des malheurs d'un autre peuple. Par exemple, dans une perspective nationaliste, les allemands peuvent être désignés comme les responsables des malheurs du peuple grec ou du peuple français. Les nationalistes prônent comme politique la possibilité qu'un pays dominant (un "grand pays") puisse imposer des lois à d'autres pays à condition que ce pays dominant soit le leur. Ils peuvent même proposer que les latins (français, italiens et espagnols) s'unissent contre les germains (allemands) pour imposer leur volonté. En politique intérieure, le nationalisme prône la priorité nationale notamment pour l'emploi. Il prône aussi le retour dans leur pays d'origine des migrants. Le nationalisme peut amener à créer des centres de rétention pour enfermer des migrants qui n'ont commis aucun délit. Même des enfants peuvent ainsi être enfermés.
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Pendant la guerre (WW2) des mots d'ordre comme "il faut tuer tous les chleuhs !" ou "A chacun son boche !" étaient assurément
nationalistes, même si ceux qui les mettaient en avant se disaient patriotes. Au même moment, des français internationalistes diffusaient auprès des soldats allemands le journal « Arbeiter und soldat ».

L'accent sur l'internationalisme a été mis en avant, tout particulièrement, quand les partis de la IIème internationale ont trahi en 1914 en envoyant les travailleurs des différents pays s'entretuer. Les internationalistes étaient alors les rares militants qui ont su rester fidèles aux principes du Manifeste du Parti Communiste.
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Patriotisme et internationalisme

DISCOURS DE JEAN JAURÈS

CAMARADES,

Dans leur rage impuissante contre la marche ascendante du Parti ouvrier, nos adversaires de classe ont recours à la seule arme qui leur reste : la calomnie. Ils sont en train de dénaturer notre internationalisme comme ils ont essayé de dénaturer notre socialisme. Et, bien que ceux qui affectent de nous présenter comme des sans-patrie soient les mêmes hommes qui, depuis un siècle, n'ont su que faire envahir et démembrer la patrie, livrée par leur classe au banditisme de la finance cosmopolite et exploitée jusqu'au sang de La Ricamarie et de Fourmies, pas plus que nous leur avons permis de confondre la solution collectiviste avec l'anarchie, cette caricature de l'individualisme bourgeois, nous ne les laisserons traduire notre glorieux cri de : Vive l'Internationale ! par l'inepte hoquet de : à bas la France !

Non, l'internationalisme n'est ni l'abaissement, ni le sacrifice de la patrie. Les patries, lorsqu'elles se sont constituées, ont été une première et nécessaire étape vers l'unité humaine à laquelle nous tendons et dont l'internationalisme, engendré par toute la civilisation moderne, représente une nouvelle étape, aussi inéluctable. Et de même que la patrie française ne s'est pas organisée contre les différentes provinces qu'elle arrachait à un antagonisme caduc pour les solidariser, mais en leur faveur et pour leur plus libre et large vie, de même la patrie humaine que réclame l'état social de la production, de l'échange et de la science, ne s'opère pas, ne peut pas s'opérer aux dépens des nations de l'heure présente, mais à leur bénéfice et pour leur développement supérieur.

On ne cesse pas d'être patriote en entrant dans la voie internationale qui s'impose au complet épanouissement de l'humanité, pas plus qu'on ne cessait à la fin du siècle dernier d'être Provençal, Bourguignon, Flamand ou Breton en devenant Français.

Les internationalistes peuvent se dire, au contraire, les seuls patriotes, parce qu'ils sont les seuls à se rendre compte des conditions agrandies dans lesquelles peuvent et doivent être assurés l'avenir et la grandeur de la patrie, de toutes les patries, d'antagoniques devenus solidaires.

En criant : vive l'Internationale ! ils crient vive la France du Travail ! vive la mission historique du prolétariat français qui ne peut s'affranchir qu'en aidant à l'affranchissent du prolétariat universel !

Les socialistes français sont encore patriotes à un autre point de vue et pour d'autres raisons : parce que la France a été dans le passé et est destinée à être dès maintenant un des facteurs les plus importants de l'évolution sociale de notre espèce.

Nous voulons donc - et ne pouvons pas ne pas vouloir - une France grande et forte, capable de défendre sa République contre les monarchies coalisées et capable de protéger son prochain 89 ouvrier contre une coalition, au moins aussi éventuelle de l'Europe capitaliste.

C'est la France qui, avec Babeuf, Fourier et Saint-Simon, a commencé l'élaboration des idées socialistes auxquelles Marx et Engels ont apporté leur couronnement scientifique.

C'est la France qui, après avoir déchaîné sur le monde la Révolution bourgeoise, préface indispensable de la Révolution prolétarienne, a été le grand champ de bataille de la lutte de classe, mettant sans compter au service de la rédemption du travail ses héroïques insurgés de Lyon (1832) et de Paris (1848 et 1871).

C'est la France qui, bien que décimée par les massacres versaillais, relevait en 1889, dans son immortel Congrès de Paris, le drapeau de l'Internationale tombé dans son propre sang et initiait les Premier-Mai : c'est elle qui, la première plantait sur les hôtels de ville enlevés à coup de bulletins de vote le rouge drapeau du prolétariat en marche vers la conquête du pouvoir politique.

Et c'est parce que son passé révolutionnaire répond de son avenir socialiste que lorsqu'elle s'est trouvée en péril, il y a vingt-trois ans, elle a vu accourir pour sa défense, sous les plis du drapeau tricolore, les internationalistes d'Italie, d'Espagne et d'ailleurs, pendant que la naissante démocratie socialiste allemande se mettait, au péril de sa liberté, en travers d'un démembrement aussi imbécile que criminel.

Mais, parce que nous sommes patriotes, nous ne voulons pas la guerre qui, quelle que soit son issue, ne ferait, contre l'Occident épuisé, que le jeu de la barbarie asiatique représentée par le tsarisme russe.
Nous voulons la paix, la paix à outrance, parce qu'elle travaille pour nous et contre la domination capitaliste et gouvernementale qu'il s'agit d'anéantir et qui ne peut prolonger sa misérable et néfaste existence que par la division et l'entr'égorgement des peuples.

Nous voulons la paix, parce que l'ordre bourgeois est condamné à en mourir.

Et maintenant que nous avons établi comment loin de s'exclure, patriotisme et internationalisme ne sont que deux formes, se complétant, du même amour de l'humanité, nous répétons bien haut à la face de nos calomniateurs :

Oui, le Parti ouvrier français ne fait qu'un avec le parti ouvrier belge contre la monarchie bourgeoise des Cobourg.

Oui, le Parti ouvrier français ne fait qu'un avec les travailleurs et les socialistes d'Italie contre la monarchie de Savoie.

Oui, le Parti ouvrier français ne fait qu'un avec le jeune et déjà si puissant Parti du Travail d'outre-Manche contre le constitutionnalisme oligarchique et capitaliste d'Angleterre.

Oui, nous ne faisons et nous continuerons à ne faire qu'un avec les prolétaires des deux mondes contre les classes dirigeantes et possédante de partout.

Et nous comptons sur nos camarades français, sur le peuple de l'atelier et du champ, pour se joindre au Conseil national du Parti dans ce double cri, le même :

Vive l'Internationale ! Vive la France !
Paris, juillet 1893     


Jaures
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Internationalisme : sens faible et sens fort

Nous venons de caractériser les interna- tionalistes en affirmant : « Les internatio- nalistes, en prônant la solidarité entre les prolétaires de tous les pays, encouragent une solidarité de principes, d'intentions et d'actions dépassant les particularismes de chaque nation (religion, race, traditions...) Ils mettent en avant les intérêts de toute l'humanité. Ils s'opposent à tout chauvinisme et à tout conflit entre nations. » C'est une approche de l'internationalisme au sens faible. Elle est souvent mise en avant par divers partis politiques lorsqu'ils organisent des campagnes de solidarité avec des victimes de l'impérialisme dans d'autres pays. Nous approuvons bien évidemment ses actions auxquelles nous participons. Mais nous donnons aussi à l'internationalisme un sens plus fort, celui du manifeste du parti communiste : « prolétaires de tous les pays, rassemblez-vous ». Il s'agit de rassembler les prolétaires pour la révolution socialiste mondiale. C'est l'essence même du communisme. En ce sens, les internationalistes sont souvent amenés à s'opposer à certains patriotes qui considèrent que la lutte contre le communisme est une preuve de l'amour qu'ils apportent à leur pays.

Les ouvriers ne peuvent gagner contre le capital que dans un combat collectif à l'échelle internationale car la domination du capital est elle-même internationale. Lénine expliquait cela dès 1902 :
« Le développement des échanges internatio- naux et de la production pour le marché mondial a créé entre tous les peuples du monde des liens si étroits que le mouvement ouvrier contemporain devait devenir international et l'est devenu depuis longtemps déjà. » (Tome VI, p. 22) Cela avait été en effet prévu par Marx et Engels. La nécessité de construire une internationale révolutionnaire était la conclusion du manifeste du parti communiste. L'internationalisme au sens fort c'est le combat pour la construction d'une internationale révolutionnaire. Après les trahisons successives des IIème et IIIème internationales puis la dislocation de la IVème internationale, l'internationalisme c'est la lutte pour la reconstruction de la IVème internationale. C'est notre combat.
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